- ÉGYPTE - Actualité (1990-1996)
- ÉGYPTE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique arabe d’ÉgyptePolitique intérieureLe 4 février 1990 près d’Ismaïlia, un attentat perpétré dans un autocar transportant des touristes israéliens cause la mort de 9 personnes. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière dirigée contre des Israéliens en Égypte depuis la conclusion du traité de paix de 1979. L’enquête s’oriente vers les milieux palestiniens islamistes.Le 6 décembre se déroule le second tour des élections législatives anticipées. Le parti Néo-Wafd, le Parti socialiste du travail, les Frères musulmans et le Parti libéral boycottent ces élections. Au terme d’un scrutin marqué par des incidents meurtriers, le Parti national démocrate du président Hosni Moubarak s’assure plus des 2 tiers des sièges du Parlement.Le 12 novembre 1992, 6 touristes allemands et 2 accompagnateurs égyptiens sont blessés par balle à Qena, en Haute-Égypte, lors d’un attentat commis par un commando se réclamant des Groupements islamistes. Près de 200 membres de cette formation intégriste clandestine avaient été arrêtés 2 jours plus tôt à Assiout. C’est le premier attentat de cette ampleur depuis le début des actions menées contre les touristes, en octobre. Celles-ci, dont le bilan s’élève à 1 mort et 26 blessés, portent un grave préjudice au pays, qui tire une grande partie de ses revenus du tourisme. Plusieurs centaines d’islamistes sont arrêtés le 14 en Haute-Égypte et le 15 à Alexandrie.Le 3 décembre, lors de 2 procès distincts, la Haute Cour militaire d’Alexandrie condamne 39 extrémistes musulmans, appartenant aux organisations d’Al Jihad et des Vétérans d’Afghanistan, pour tentative de renversement du régime et terrorisme; 8 d’entre eux sont condamnés à mort, dont 7 par contumace. Le président Moubarak abandonne l’attitude de compromis observée jusqu’alors à l’égard des intégristes. Le gouvernement s’engage également dans la lutte contre la prise de contrôle des syndicats professionnels par les intégristes. Du 8 au 13, 600 «terroristes» sont interpellés dans le quartier d’Imbaba, le fief intégriste du Caire. Le 21, 14 membres de la confrérie des Frères musulmans sont à leur tour arrêtés.Le 9 mars 1993 s’ouvre devant un tribunal militaire le procès de 49 extrémistes musulmans, présumés responsables d’attentats terroristes. Les 9 et 10, après que le président Moubarak a menacé les terroristes d’une «guerre totale», des opérations de police dirigées contre des islamistes au Caire et à Assouan font 23 morts. De nombreuses arrestations sont opérées. La principale organisation visée est la Jamaa Islamiya, dont le chef spirituel est Cheikh Omar Rahman, réfugié aux États-Unis et dont le nom a été évoqué au sujet de l’attentat contre le World Trade Center, à New York, le 26 février. Des attentats à la bombe et d’autres affrontements meurtriers entre la police et les extrémistes ont lieu au cours du mois: près de 50 personnes sont tuées.Le 18 avril, Mohammed Abdel-Halim Moussa, ministre de l’Intérieur, est limogé. Il est accusé d’avoir mené une répression trop violente contre les suspects en Haute-Égypte et dans le quartier cairote d’Imbaba. Il est remplacé par le général Hassan Al Alfi. Le 18 août, ce dernier est blessé au cours de la fusillade qui suit un attentat à la bombe causant la mort de 5 personnes au Caire. Cette action, revendiquée par divers groupes extrémistes islamistes, témoigne d’une recrudescence de la violence terroriste qui sévit dans le pays depuis 1992, et qui a fait plus de 150 morts parmi les forces de l’ordre, les coptes et les touristes. Ces attentats sont les réponses aux nombreuses condamnations à mort d’islamistes, depuis décembre 1992, et à la sévère répression conduite par le pouvoir dans leurs rangs.Le 5 octobre, le président Moubarak est réélu pour un troisième mandat de 6 ans. Il confirme Atef Sidki au poste de Premier ministre qu’il occupe depuis 1986.En janvier 1994, le président Moubarak déclare qu’il refuse d’engager le dialogue avec les islamistes.Le 2 février, l’organisation extrémiste Jamaa Islamiya appelle les touristes et les investisseurs étrangers à quitter le pays; elle renouvelle ses menaces en mars.Le 11 mars, le Parlement approuve par une majorité de plus de 80 p. 100 la prorogation pour 3 ans de l’état d’urgence.Le 25 avril, le chef militaire de la Jamaa Islamiya, Talaat Yassine Hammam, est tué.Le 14 octobre, l’écrivain égyptien Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature 1988, est grièvement blessé dans un attentat au Caire. L’auteur de l’agression, membre de la Jamaa Islamiya, entendait appliquer la fatwa de mort proclamée à l’encontre de l’écrivain par le chef de l’organisation intégriste en raison du caractère «impie» de son roman Les Enfants de la médina. Plus de 300 personnes sont victimes des violences islamistes dans le pays durant l’année.En janvier 1995, des affrontements meurtriers opposent les extrémistes de la Jamaa Islamiya aux forces de l’ordre dans la région d’El-Minya, en Haute-Égypte.Les élections législatives des 29 novembre et 6 décembre sont entachées de nombreuses fraudes et irrégularités. Le Parti national démocrate du président Moubarak remporte 317 des 444 sièges à pourvoir. Avec l’appui de ses alliés, il dispose du soutien de 97 p. 100 des députés. L’opposition obtient 14 élus dont 6 libéraux du parti Wafd et 5 postcommunistes du Rassemblement progressiste. Durant la campagne, les violences ont provoqué la mort de 42 personnes. Des milliers d’autres ont été arrêtées, notamment parmi les Frères musulmans.Le 2 janvier 1996, le président Moubarak nomme Kamal el-Ganzouri Premier ministre.Le 18 avril, 18 personnes, pour la plupart des touristes, sont tuées par balle devant un hôtel proche du Caire par un groupe armé qui prend la fuite. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier dans le pays depuis celui dont avait été victime le président Sadate, en octobre 1981. Le 20, l’opération est revendiquée par la Jamaa Islamiya.Vie économiqueEn 1990, des remises de dette effectuées par les États-Unis et les pays du Golfe atténuent les difficultés égyptiennes consécutives à l’invasion irakienne du Koweït. Pour l’Égypte, le coût de cette agression est évalué à 10 milliards de dollars, en raison notamment de l’arrêt des transferts des expatriés égyptiens en Irak et au Koweït. Comme condition de leur effort, un certain nombre de pays insistent pour que soit réglé le contentieux avec le F.M.I., avec lequel les relations sont rompues depuis 1987: un accord stand-by avait été annulé quelques semaines après sa conclusion, car il impliquait une austérité socialement insupportable.En 1991, l’effondrement des régimes communistes en Europe contribue aux difficultés de l’Égypte. L’Union soviétique n’est pas en mesure d’honorer plus de la moitié des engagements pris. La chute des échanges avec les autres pays de l’Est est évaluée entre 10 et 15 p. 100. L’Égypte, qui partageait avec ces pays, depuis la révolution nassérienne, le même credo économique, éprouve des difficultés comparables à réorienter son commerce vers des marchés solvables.Le pays est durement éprouvé par la guerre du Golfe. La baisse des recettes du tourisme et des transferts des travailleurs émigrés est évaluée à 2,5 milliards de dollars. En janvier 1991, le G7, réuni à New York, efface un tiers de la dette de l’Égypte, récompensée pour son attitude pendant la guerre contre l’Irak; le 25 mai, pour les mêmes raisons, elle obtient de ses créanciers du Club de Paris une annulation de 50 p. 100 de sa dette publique, étant ainsi le deuxième pays, après la Pologne, à bénéficier d’un tel traitement de faveur. Le 9 avril, un accord de principe est conclu avec le F.M.I.: en échange d’un prêt stand-by, le gouvernement s’engage à adopter les règles de l’économie de marché.Le 22 juillet 1993, un accord de principe est conclu entre l’Égypte et le F.M.I. Il ne paraît pas de nature à atténuer les difficultés économiques du pays. Les progrès récemment accomplis sont qualifiés de «substantiels» par le F.M.I., mais ils semblent insuffisants pour assurer une croissance supérieure à 1 p. 100, alors qu’elle devrait être 4 fois plus élevée, d’ici à la fin de la décennie, pour assurer un emploi aux 400 000 ou 500 000 jeunes arrivant chaque année sur le marché du travail. Le taux de chômage se maintient aux environs de 20 p. 100. Le programme de privatisations démarre, avec la mise en adjudication de 20 entreprises d’État, après avoir été longtemps bridé par les réticences d’une administration toujours imprégnée de l’idéologie nassérienne et paralysée par la crainte de suppressions d’emplois. Le manque de formation des cadres de la fonction publique demeure un obstacle au changement. Les attentats ont provoqué une nouvelle crise du tourisme.En 1994, le F.M.I. et la Banque mondiale maintiennent leur pression en faveur de la poursuite des réformes économiques et notamment des privatisations. Toutefois, le président Moubarak s’oppose à la dévaluation réclamée par le F.M.I., ce qui a pour effet de geler la dernière tranche de l’effacement de la dette publique du pays auprès du Club de Paris, pour un montant de 4 milliards de dollars. Mais l’économie égyptienne souffre principalement de sous-investissement et de pesanteurs administratives. Elle n’en obtient pas moins de nombreuses aides internationales, qui s’élèvent à 4 milliards de dollars par an.En 1995, les négociations avec le F.M.I. demeurent au point mort. L’Égypte ne progresse pas sur la voie de la réduction de son secteur public. Le taux de croissance reste insuffisant par rapport à l’augmentation de la population, ce qui maintient le taux de chômage à un niveau élevé, 17,5 p. 100 selon la Banque mondiale.Le 12 octobre 1996, l’Égypte signe avec le F.M.I. un accord qui doit lui permettre d’annuler 4 milliards de dollars de dette extérieure, sur un total de 35 milliards, et d’alléger ainsi le poids du service de la dette. L’organisation financière internationale reconnaît ainsi les progrès effectués par le pays sur la voie de l’ajustement structurel: libéralisation du commerce, suppression des freins à l’investissement, accélération des privatisations, abolition de certains monopoles d’État, réduction du déficit public, baisse des taux d’intérêt, stabilité de la monnaie. L’année est marquée par une forte reprise du tourisme qui alimente une croissance en nette augmentation. L’inflation reste toutefois modérée.Relations internationalesLe 11 août 1990, après l’invasion le 2 du Koweït par l’Irak, le premier contingent égyptien arrive en Arabie Saoudite, dans le cadre de la force multinationale.Le 7 février 1991, l’Irak annonce la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Égypte.Au cours de l’année, le secrétaire d’État américain James Baker se rend plusieurs fois au Caire au cours de ses tournées au Proche-Orient, destinées à concrétiser son projet de conférence régionale.Le 30 octobre s’ouvre à Madrid la réunion plénière de la conférence de paix sur le Proche-Orient. Sont réunis les États-Unis, l’U.R.S.S., Israël, les Palestiniens, la Jordanie, l’Égypte, la Syrie, le Liban et la C.E.E.Le 21 juillet 1992, le Premier ministre israélien Itzhak Rabin rencontre au Caire le président Moubarak afin de renouer le dialogue entre les 2 pays, interrompu depuis l’arrivée au pouvoir d’Itzhak Shamir. L’accueil égyptien reste prudent. Du 21 au 23, James Baker se rend, entre autres, au Caire pour rassurer ses interlocuteurs arabes sur la poursuite des négociations de paix entamées à Madrid en octobre 1991.En février 1993, le secrétaire d’État américain Warren Christopher fait une étape au Caire au cours de sa tournée diplomatique au Proche-Orient. Il souhaite recueillir l’accord de principe des capitales arabes pour la reprise des négociations bilatérales à Washington.Le 19 septembre, l’Égypte, principal artisan du rapprochement israélo-arabe, approuve sans réserve la Déclaration de principes sur l’autonomie de Gaza et de Jéricho signée le 13 septembre à Washington par Shimon Peres, ministre israélien des Affaires étrangères, et Abou Mazen, membre du comité exécutif de l’O.L.P.Le 4 mai 1994, après plusieurs mois de négociations et de violences, Itzhak Rabin et le chef de l’O.L.P. Yasser Arafat signent au Caire l’accord de mise en application pour l’autonomie de Gaza et de Jéricho. Il entre en vigueur immédiatement.Du 5 au 12 septembre se tient au Caire la IIIe Conférence internationale des Nations unies sur la population et le développement qui pose les problèmes de la croissance démographique à travers la situation des femmes.En décembre, le président israélien Ezer Weizmann se rend en visite au Caire.Le 26 juin 1995, le président Moubarak échappe à un attentat à son arrivée à Addis-Abeba, où il devait participer au sommet de l’O.U.A. Cet attentat provoque un regain de tension entre l’Égypte et le Soudan, accusé par Le Caire de soutenir le terrorisme islamiste. Le 4 juillet, la Jamaa Islamiya revendique l’attentat.Le 6 novembre, le président Moubarak assiste aux obsèques du Premier ministre israélien Itzhak Rabin à Jérusalem. C’est la première fois depuis 1967 que des chefs d’État arabes se rendent dans la Ville sainte.Le 1er janvier 1996, l’Égypte fait son entrée au Conseil de sécurité de l’O.N.U., pour un mandat de 2 ans.Le 13 mars, un sommet des «bâtisseurs de la paix» contre le terrorisme, qui est destiné à illustrer la mobilisation internationale contre les obstacles au processus de paix, se tient à Charm el-Cheikh sur l’initiative conjointe de l’Égypte et des États-Unis; 29 pays et organisations internationales y participent. La déclaration finale défend la sécurité et la stabilité de la région et évoque les «besoins économiques» des Palestiniens.Du 6 au 8 avril, le président Jacques Chirac se rend en visite officielle en Égypte, où il présente les grandes lignes de la politique arabe de la France, fondée sur le soutien au processus de paix israélo-arabe. Il prône le droit des Palestiniens à disposer d’un État, le droit d’Israël à la sécurité et une paix israélo-syrienne passant par la restitution du Golan.Les 22 et 23 juin, à la suite des élections israéliennes, les représentants de 21 pays arabes et de l’Autorité palestinienne participent, au Caire, au premier sommet arabe depuis août 1990. Ils rappellent leur attachement au principe de l’échange des territoires contre la paix et menacent de reconsidérer leur position à l’égard de l’État hébreu si celui-ci ne respectait pas le cadre défini du processus de paix. Les pays arabes invitent également l’Iran à respecter l’intégrité territoriale de Bahreïn; ils demandent à la Turquie de reconsidérer son accord militaire avec Israël signé en février; enfin, ils «condamnent toutes les activités terroristes» tout en défendant «le droit inalénable à résister à l’occupation et à l’aggression».Le 18 juillet, se rendant au Caire – et pour la première fois dans un pays arabe –, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou se dit prêt à «honorer les engagements» pris par son prédécesseur et à «engager immédiatement des négociations» avec la Syrie.
Encyclopédie Universelle. 2012.